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Le trou noir international de la balance courante

L’asymétrie d’information dans les comptes internationaux de la balance des paiements peut être représentée par la différence entre les mêmes informations en relation dans des balances des paiements bilatérales [Eurostat, 2006].

La symétrie d’information peut être illustrée à l’aide du suivant exemple : les informations des importations de la balance des paiements d’une économie A, enregistrées en débit dans le poste commercial des transactions courantes, doivent correspondre aux informations des exportations de la balance des paiements d’une économie B, enregistrées en crédit dans le poste commercial. La symétrie d’information au niveau global supposerait une neutralisation entre les comptes des transactions courantes de toutes les balances des paiements.

Une asymétrie d'information importante à l'international

Cependant, cet équilibre global des transactions courantes n’est pas vérifié comme il est montré par Bernanke [2005] et laisse apparaitre un déficit global. Ce déficit global est associé au « trou noir » de la balance des paiements, qui correspond à une asymétrie au niveau international et un paradoxe. Ce paradoxe suppose un problème dans le rendu d’information apporté par la balance des paiements puisque, en principe [FMI, 2009], la somme des déséquilibres individuels des transactions courantes devrait tendre vers l’équilibre.

L’asymétrie d’information peut être attribuée, selon l’étude de l’Eurostat [2006, p.3], à :

(1) « différentes méthodes de collectes menant à différents enregistrements »,

(2) « une ventilation différente des transactions dans les différents comptes »,

(3) un « décalage temporel dans la collecte d’information et dans l’enregistrement »,

(4) une « erreur dans l’enregistrement de la contrepartie »

(5) une « méthode d’enregistrement divergente pour les transactions complexes ».

La nécessité d'une harmonisation des statistiques internationales

L’harmonisation des statistiques, dans ce sens, au niveau international permet une réduction des asymétries d’information [Eurostat, 2006] et peut être considéré comme des garants de la qualité des informations délivrées par les comptes internationaux [FMI, 2009]. En Europe, cette harmonisation est illustrée par l’EuroStat et la BCE qui ont simplifié leurs méthodes de collectes de données afin de permettre une plus grande cohérence entre les différentes méthodes d’établissement des balances des paiements intra-zone et hors zone euro dans l’Union Européenne [Comité de la balance des paiements du FMI, 2014]. Il faut noter, comme il est illustré dans le rapport des statistiques des balances des paiements 2013, qu’il reste des pays ne fournissant pas les statistiques complètes de leurs balance des paiements au FMI, en suivant les informations présentées dans le Manuel, comme c’est le cas de certains pays du Moyen-Orient tels que l’Iran, l’Irak, la Syrie ou l’Egypte, mais aussi de certains pays d’Afrique et des archipels de l’Océanie tel que la Nouvelle Guinée.

Ce constat peut être une explication du déficit global dans la mesure où des flux de transactions courantes peuvent passer par ces pays. L’Irak détient, par exemple, la quatrième réserve de pétrole en termes de volumes exploitables et il est un pays exportateur de pétrole [Boniface, 2014]. Les pays exportateurs d’hydrocarbures ont pour caractéristique commune de dégager un excédent du solde de la balance des transactions courantes grâce à l’exportation de leurs matières premières [Boniface, 2014]. Le manque d’information sur les excédents courants de ces pays du Moyen-Orient tel que l’Irak ou l’Iran pouvant dégager des excédents courants peut être un facteur explicatif pour le déficit courant au niveau global dans la mesure où les pays qui importent les hydrocarbures les enregistrent dans leurs balance des paiements.

Le "trou noir" statistique de la balance des transactions courantes

Les asymétries d’informations répondant à la somme des balances des transactions courantes représentent dans la littérature, comme il est souligné par Gossé et Raffo [2007, p.3], un « trou noir » statistique de l’économie international. Une explication de ce déficit courant global est apportée par Bernanke [2005] à travers le déséquilibre entre l’épargne et l’investissement au niveau international. Gossé et Raffo [2007] souligne comme explications au déficit courant au niveau global souligne la « polarisation » des flux de transactions courantes [Gossé et Raffo, 2007, p.16] et la « composition des déséquilibres courants » [Gossé et Raffo, 2007, p.12] comme des pistes d’analyse dans l’étude du « trou noir » statistique de la balance des transactions courantes. L’analyse de Gossé et Raffo [2007] montre que ce « trou noir » tend néanmoins à se réduire sur la période 1967-2002 alors que les transactions brutes du compte courant s’accroissent.

Ce constat peut illustrer la diminution de l’asymétrie d’information du compte des transactions courantes. Sur la période 1967-2002, il y a eu deux révisions du Manuel en 1977 pour la quatrième édition et en 1993 pour la 5ème édition [FMI, 2009, p.3] ce qui peut être une explication de la réduction du trou noir statistique grâce à la « [prise] en compte [de] l’évolution des normes comptables internationales » et de concepts des « manuels spécialisés » [FMI, 2004, p.3] mais aussi par une présentation plus détaillée des transactions courantes. Cependant, l’étude de Gossé et Raffo [2007, p.15] souligne l’importance des déséquilibres des comptes courants en relation au PIB mondial passant de « 1.25% [en 1967] à 3.5% [en 2002] de PIB mondial ».

Tag(s) : #Café du commerce
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